L’echo de bel-air
EDITO :
Ce sera un des principaux enjeux des années à venir, L’ EAU. Voici les propos que je développe dans le numéro précédent. Avec ses 28 km² et 1,2 milliards de m3 de réserve, le lac de Serre-Ponçon fait partie des plus grandes retenues artificielles d’Europe. C’est grâce au barrage et à la modernisation des anciens réseaux d’irrigations du XII siècle au fil des décennies que nous sommes désormais à l’abri d’une sécheresse. Une ombre à ce tableau car en choisissant de passer d’un arrosage gravitaire à un arrosage par conduite sous pression la nappe ne se régénère plus car moins d’infiltration naturelle. Il y a bien dans l’aménagement de la vallée de basse Durance des puits d’infiltration afin d’alimenter la nappe phréatique mais est-ce suffisant ? Nul ne le sait, tant ce problème est difficile à résoudre. Il y a trop de paramètres à prendre en compte. Chacun y va de son chapitre à commencer par moi. J’ai donc créé une retenue d’eau que j’appelle étang puisque sa surface fait environ 700 m². Cette étendue d’eau permet d’infiltrer environ 40 000 m3 d’eau dans la nappe phréatique. Cette zone humide est devenue un lieu où se retrouvent carpeaux, grenouilles, libellules, chauve sourie, canards, grues cendrées, poissons, martin pêcheurs, anguilles, et humains sur un kiosque en douglas avec toiture en zinc pour se ressourcer. Il y a même un Nègo Chin.
Dans ce climat chaud et sec, l’irrigation des cultures devint rapidement une nécessité pour lutter contre la sécheresse. Deux rivières servirent à cet usage, la Sorgue et la Durance. Le plus ancien réseau d’irrigation fut mis en place dès le XIIe siècle avec le creusement du canal Saint-Julien qui captait les eaux de la Durance sur la commune actuelle de Cheval-Blanc. Les travaux entrepris au siècle suivant sur la Sorgue pour la canaliser jusque vers Avignon permirent d’irriguer de nouvelles terres. Ce ne fut pas suffisant puisque François Ier, le 11 décembre 1537, autorisa une nouvelle dérivation des eaux de la Durance à partir de Mérindol. Cette captation porte de nos jours le nom de « Vieux canal d’Oppède ».
Le XVIIIe siècle fut celui de toutes les audaces. Deux nouveaux réseaux furent mis en place avec le « Cabedan vieux » (1765) et le « Cabedan neuf » (1766). Peu après, en 1771, l’ingénieur architecte Brun cadet proposa la création d’un canal d’irrigation pour « l’arrosement d’une partie des terres du Comtat Venaissin » avec une nouvelle prise à Mérindol. (Voir photo et commentaires).
Il cartographia son projet qui contournait le Luberon à Saint-Pierre (Cheval-Blanc), passait par les Taillades, Robion et Maubec puis traversait le Calavon pour aboutir à Avignon après avoir irrigué la plaine du Comtat vers Carpentras. C’est l’ancêtre du « canal de Carpentras ».
La prise est visible de la route sur la commune de Mérindol, cependant il faut s’enfoncer dans les terres plus au Sud pour accéder au siphon qui part de la rive gauche de Mallemort, traverse la Durance et donne naissance coté Mérindol rive droite au « Canal de CARPENTRAS »
Le canal est une attraction touristique, car outre les ouvrages développés sur son parcours il est le lieu des randonneurs, cyclistes toute catégorie à l’exclusion des forçats de la route. Même si vous ne disposez pas d’une carte, il est impossible de se perdre. Sans dénivelé, il est abordable pour tout le monde y compris les enfants sous la surveillance des parents. Certaines traversées urbaines sont un lieu de quiétude, qui rime avec lecture, pique-nique, et amoureux de la photo. Voici quelques photos prises sur ce parcours et qui mettent en avant l’ingéniosité de nos ancêtres à canaliser cette eau trésor de notre Provence.
Le déversoir à Robion Il sert d’alimentation pour le Coulon qui est toujours en eau, et d’exutoire lors de pluie pour délester les ruissèlements venus du LUBERON le long de son parcours amont.